LA PHILOSOPHIE ROSICRUCIENNE EN QUESTIONS ET RÉPONSES - TOME I

MAX HEINDEL



QUESTION 92 - Qu'entend-on par salut et damnation éternels?

RÉPONSE - Les religions traditionnelles disent que ceux qui ont fait le bien dans cette vie sont sauvés, c'est-à-dire qu'ils iront au ciel, pas très clairement défini, et ceux qui ne sont pas sauvés sont plongés dans un enfer dont on ne sait pas grand-chose, sinon que c'est un lieu de souffrances. Les bons et les méchants restent dans leurs places respectives, une fois qu'ils ont été jugés: il n'y a pas de rédemption pour les âmes perdues, et plus de danger de chute pour ceux qui ont été sauvés une fois pour toutes.

Une telle interprétation est radicalement fausse si l'on se réfère à un dictionnaire de la langue Grecque pour obtenir la signification du mot traduit par "éternel". Ce mot est "aionian", et dans le dictionnaire il est traduit par "un âge, une période indéfinie, la durée d'une vie" etc. Quel est, alors, le vrai sens du passage cité? Pour le trouver, il est nécessaire de se faire une idée d'ensemble de la vie.

Au commencement de la manifestation, Dieu, flamme immense, différencie un nombre infini de flammes naissantes ou étincelles, en Lui-même, non pas en dehors de Lui-même, car c'est un fait acquis que "en Lui nous avons la Vie, le Mouvement et l'Etre". Rien ne peut exister en dehors de Dieu. Ainsi donc, en Lui-même, Dieu différencie ces âmes innombrables. Chacune est divine en puissance, chacune renferme tous Ses pouvoirs comme la graine renferme la plante. Or, de même que la graine doit être enfouie dans le sol pour produire la plante, ainsi est-il nécessaire que ces étincelles divines soient revêtues de véhicules matériels afin de pouvoir apprendre certaines leçons qui ne peuvent être apprises à fond que dans une existence distincte, telle celle que nous avons sur cette terre.

On peut considérer le monde comme une école préparatoire pour les esprits qui évoluent. Certains d'entre eux ont commencé de bonne heure et se sont appliqués à leur tâche plus diligemment que les autres; en conséquence, ils ont progressé rapidement. D'autres ont commencé plus tard, et sont des retardataires. Ils sont laissés en arrière; mais, tous finiront par atteindre la perfection. Il y a donc plusieurs classes de ces esprits pèlerins, et avant qu'une classe de ces derniers puissent être promus à un échelon supérieur de l'évolution, il faut qu'ils aient atteint un certain degré de compétence. Ils sont sauvés de leur condition inférieure lorsqu'ils l'ont dépassée. Une fois que ce niveau de compétence a été acquis, ils sont promus dans une autre race lors d'une époque ultérieure. Mais parmi un grand nombre d'êtres, il y a toujours des retardataires, et ils sont condamnés à rester dans la classe où ils se trouvent, jusqu'à ce qu'ils soient arrivés au stade de croissance requis pour leur avancement. Ce plan est similaire aux méthodes en usage dans nos écoles, où les élèves sont promus dans la classe supérieure, à l'occasion des examens annuels s'ils ont atteint un certain niveau de connaissances; si ce n'est pas le cas, il sont condamnés à rester en arrière, non pas pour toujours, mais seulement jusqu'à ce qu'un autre examen annuel prouve qu'ils ont acquis leur qualification.

Ce qui précède n'est pas une interprétation déformée ou erronée de la signification du mot "aïônian". Ce mot a été employé dans d'autres passages de la Bible qui appuient fortement notre thèse. Par exemple, dans la Lettre de Paul à Philémon, lorsque Paul renvoie à ce dernier l'esclave Onésime, nous relevons ces mots, "Peut-être Onésime n'a-t-il été séparé de toi pour un temps que pour qu'il te soit rendu pour toujours". L'expression "pour toujours" correspond au même mot "aïônian", traduit par "éternel" dans les passages où il est question de damnation et de salut; dans le passage qui nous occupe, on se rendra évidemment compte qu'il ne peut être question que d'une partie de la vie, puisque ni Paul ni Philémon, en tant qu'hommes, ne pouvaient vivre "éternellement".

QUESTION 93 - Quel est l'enseignement des Rosicruciens concernant l'Immaculée Conception?

RÉPONSE - La Doctrine de l'Immaculée Conception est, peut-être, l'un des mystères les plus sublimes de la religion Chrétienne, et c'est probablement la raison pour laquelle elle a souffert plus qu'aucun autre mystère d'être traînée dans la matérialité. Elle a souffert autant de l'interprétation de ses partisans maladroits, que des sarcasmes des sceptiques. Lorsque, par exemple, nous voyons dans une église un tableau représentant Dieu sous les traits d'un vieillard assis sur des nuages, un chalumeau à la bouche, en train de souffler l'enfant Jésus dans le flanc de Marie, la chose est plus que ridicule, elle est navrante!

L'idée populaire, mais erronée, est qu'il y a environ deux mille ans, un personnage appelé Jésus-Christ naquit d'une mère, sans la coopération d'un père terrestre, et cet événement est considéré comme unique dans l'histoire du monde. En réalité, il n'est pas sans précédent; la conception immaculée a eu lieu bien des fois dans l'histoire du monde, et elle deviendra universelle dans l'avenir.

L'histoire de l'humanité est écrite par anticipation dans les astres, l'homme étant le petit monde, ou microcosme, et les astres, le grand monde, ou macrocosme. Là, l'idéal, le prototype de l'Immaculée Conception est représenté d'année en année de façon très spectaculaire. Le Soleil est le donneur de vie du monde; il est aussi la lumière du monde. Et de même que les êtres les plus avancés, sauveurs de l'humanité, apparaissent lorsque les plus grandes ténèbres spirituelles enveloppent la terre, ainsi le Soleil renaît au solstice d'hiver et commence son voyage vers l'équateur dans la nuit la plus sombre de l'année, entre le 24 et 25 décembre. A ce moment de l'année, le signe zodiacal de la Vierge se lève à l'horizon oriental dans toutes les latitudes septentrionales, qui sont les plus peuplées de la Terre.

Ainsi, la lumière du monde est chaque année conçue de façon immaculée par la vierge-mère céleste, et elle commence son voyage vers le nord et donne sa vie pour l'humanité en mûrissant le blé et le raisin. Par analogie, les maîtres spirituels naissent à des périodes où les ténèbres de l'esprit sont les plus profondes, et ils donnent à l'homme le pain de vie qui nourrit l'âme.

On ne récolte pas le raisin sur des ronces, et un proverbe dit, "Tel père, tel fils"; une entité vile doit naître d'une mère vile, et avant qu'un Sauveur puisse naître, une vierge-mère pure doit être trouvée. Mais lorsque nous disons "vierge", nous ne voulons pas dire vierge au sens physique. Nous possédons tous la virginité physique dans les premières années de notre vie, mais la virginité de l'esprit est une qualité d'âme acquise par des vies de pensées pures et de nobles aspirations. Cette qualité ne dépend pas de l'état du corps physique. Une véritable vierge peut avoir plusieurs enfants et rester "vierge".

Qu'un enfant soit conçu dans le péché ou de façon immaculée dépend donc de la qualité inhérente de son âme, car si l'Ego qui doit naître est pur et chaste, il naîtra certainement d'une mère qui a la même nature pure et belle. Et l'acte physique qui, chez la plupart, est dicté par la passion et le désir pour la satisfaction des sens, est accompli, par l'âme chaste et pure, en esprit de prière et comme un sacrifice. Ainsi, l'enfant est conçu sans le péché passionnel; il est conçu de façon immaculée.

Une telle naissance n'est jamais fortuite. Sa venue est annoncée et attendue avec une anticipation de bonheur et de joie, et il y a actuellement beaucoup de cas qui se rapprochent de la Conception Immaculée, où les deux parents, pures et chastes, accomplissent l'acte générateur dans un esprit de pur amour; la mère est ensuite laissée en paix pendant la période de gestation et l'enfant naît alors d'une manière presque aussi pure que celle qui est figurée dans les conceptions immaculées symboliques. Avec le temps, lorsque l'humanité aura développé des qualités de plus en plus altruistes, la passion sera remplacée par l'amour pur, et tous les humains seront conçus d'une façon immaculée.

QUESTION 94 - L'Etoile de Bethléem n'était-elle pas une comète?

RÉPONSE - Non, car chaque nuit, l'Etoile de Bethléem brille à minuit tout comme elle brillait dans le récit biblique, et elle peut être vue par les sages d'aujourd'hui, alors qu'elle reste cachée pour les autres. Cette étoile n'est autre que le Soleil spirituel d'où vient l'impulsion de l'Esprit du Christ Cosmique.

Voilà la clé de ce mystère:

Les Evangiles ne relatent pas uniquement l'histoire de la vie d'un grand être et de ses disciples. Par le moyen d'images et de symboles, ils dépeignent les incidents qui attendent les futurs initiés sur le sentier de la connaissance; ce sont en réalité des formulaires d'initiation.

Pendant l'été, lorsque la Terre se met à l'oeuvre pour produire le pain de vie pour ceux qui l'habitent, le Soleil, qui envoie ses rayons vivifiants vers notre planète, est très haut dans le ciel. Toutes les activités physiques s'exercent alors à l'extrême, et l'homme est absorbé dans les occupations matérielles nécessaires à son existence. Mais lorsqu'en hiver, le Soleil est au-dessous de l'équateur et que la nature sommeille, les influences spirituelles qu'il émet sont des plus puissantes. Lorsque l'obscurité physique augmente, la lumière spirituelle est plus brillante et elle atteint son point culminant à la naissance des "Sauveurs", dans la nuit la plus sombre de l'année, entre le 24 et le 25 décembre, au moment où le Soleil commence son voyage vers le nord pour sauver l'humanité du froid et de la famine qui résulteraient s'il restait dans les latitudes australes.

Dans cette nuit particulière de l'année les vibrations spirituelles sont les plus fortes.De toute l'année, c'est la Nuit Sainte par excellence. Celle où le néophyte peut le plus facilement entrer en contact conscient avec les vibrations spirituelles. C'est pourquoi les néophytes entraient jadis dans les temples en cette Nuit Sainte. Ils étaient mis en état de transe sous la direction de Mages qui leur apprenaient à quitter leur corps, consciemment, par un acte de volonté. La Terre devenait alors transparente à leurs yeux et ils voyaient derrière elle le Soleil de minuit, l'astre flamboyant. Non pas le Soleil physique, mais le Soleil spirituel qui est la véritable étoile du Christ, car le Christ cosmique est l'Initié le plus sublime parmi les radieux Archanges, esprits du Soleil.

QUESTION 95 - Quels étaient les dons des Mages?

RÉPONSE - La Bible nous dit que ces dons étaient l'or, la myrrhe et l'encens.

L'or a toujours été considéré dans les vieilles légendes et dans la symbologie comme l'emblème de l'esprit. Dans l'histoire de l'"Anneau des Niebelungen", dont Wagner a fait un drame lyrique, les filles du Rhin jouent dans l'eau, leur élément naturel, au fond du fleuve. L'eau est illuminée par l'éclat de l'or. Cette légende nous reporte au temps où les enfants du brouillard vivaient dans les merveilleuses conditions de l'Atlantide primitive, alors qu'ils formaient une grande fraternité, innocente et semblable à des enfants, et que l'Esprit Universel n'avait pas encore pénétré dans des corps séparés.

L'or reposant sur le roc au fond de l'eau était le symbole de l'Esprit Universel illuminant l'humanité tout entière. Plus tard, il est volé, fondu en un anneau par Alberich, le Niebelung, qui renie l'amour pour posséder l'or. Celui-ci devient alors le symbole de l'Ego séparé, à notre époque actuelle qui est sans amour et faite d'égoïsme. L'homme qui est devenu sage et qui voit les maux qu'engendre l'égoïsme, offre l'or au Christ comme symbole de son désir du retour à l'esprit Universel d'Amour.

Le second présent, la myrrhe, est une plante aromatique très rare qui croît en Arabie. Elle est le symbole de l'âme. On nous dit dans les légendes des saints que ceux qui avaient été particulièrement saints émettaient un parfum. Il ne s'agit pas là d'une fable pieuse, mais il est un fait certain, c'est qu'un grand saint émet le plus admirable parfum.

Le troisième don, l'encens, est le symbole du corps physique rendu éthéré par une vie sainte, car l'encens est une fumée physique. Le Ministre de l'Intérieur de Serbie, un des conspirateurs du régicide du 11 juin 1903 a, depuis, écrit ses mémoires. Il raconte que, lorsque les conspirateurs brûlaient de l'encens au moment où ils invitaient d'autres personnes à se joindre à eux, ils réussissaient invariablement à les gagner à leur cause. Le ministre n'en connaissait pas la raison, et n'y voyait qu'une coïncidence curieuse. Pour l'occultiste, cette raison est claire.

Aucun esprit ne peut travailler dans un monde s'il n'a un véhicule composé de la matière de ce monde. Pour fonctionner dans le Monde Physique, pour y agir, nous devons avoir un corps dense et un corps vital; tous deux sont faits de matière physique de qualités différentes que sont les solides, les liquides, les gaz et les éthers. Nous pouvons nous procurer ces véhicules de la façon normale, en passant par le sein d'une femme, ou bien extraire du corps d'un médium de l'éther employé temporairement pour nous matérialiser, ou encore nous pouvons employer la fumée de l'encens. Dans l'Eglise Catholique, où l'on invoque certains esprits, l'encens fournit le véhicule grâce auquel les esprits peuvent influencer leur congrégation, à la manière dont les esprits désincarnés ont favorisé les régicides Serbes.

Ainsi, nous voyons que les dons des Mages étaient l'esprit, l'âme et le corps, consacrés au service de l'humanité. Se dévouer pour elle, c'est imiter le Christ, c'est marcher sur Ses traces.

QUESTION 96 - Jésus n'était-Il pas Juif? S'il en est ainsi, que voulait-Il dire par ces mots, "Avant qu'Abraham fût, je suis"? Car, quand bien même Il se serait réincarné, Abraham est le père de la race Juive.

RÉPONSE - Dans les temps anciens, et même de nos jours, le patriotisme est considéré comme une vertu de premier ordre; mais au point de vue occulte, il n'y a que l'Esprit Un, et les races ne sont qu'une phase éphémère du plan de l'évolution; c'est en fait, une phase très dangereuse, car tandis que pendant les Périodes et les grandes Epoques de l'évolution on dispose de temps en abondance, et qu'il est possible aux Guides d'aider la plupart des esprits à se préparer à franchir le degré suivant, les races et les nations naissent et meurent dans une durée comparativement si courte que certains esprits courent le danger de rester liés à des corps de leur race et ne puissent suivre la masse de l'humanité dans ses progrès.

C'est précisément ce qui est arrivé aux Juifs. Ils sont si intensément patriotes qu'aucun Juif pense qu'il est lui-même un individu. Tout d'abord, utilisant le terme le plus élevé, il parlait de lui-même comme étant "descendant d'Abraham". Secondairement, il se considérait comme appartenant à une certaine tribu; en dernier lieu, peut-être, il était Salomon Lévi, ou Moïse Cohen.

Le Christ a combattu cette idée d'identité avec la race lorsqu'Il dit, "Avant qu'Abraham fût, je suis". L'Ego existait avant Abraham; Abraham était une incarnation d'un Ego, un Esprit. Lui, et la race Juive descendant de lui, étaient simplement des corps, mais les Egos qui les habitaient existaient avant les corps de race. C'est ainsi que le Christ conseillait à ses auditeurs de s'élever de l'éphémère à l'éternel.

Dans un autre passage de la Bible, Il dit, "A moins qu'un homme ne quitte son père et sa mère, il ne peut Me suivre". Les pères et les mères sont aussi des corps de race. Nous n'avons pas le droit de quitter des parents qui dépendent de nous, pour suivre la vie supérieure; nous devons accomplir tous nos devoirs terrestres avant d'entreprendre égoïstement l'étude de la vie supérieure, mais nous ne devons pas nous identifier avec la race, la nation, ou la famille dans lesquelles nous sommes nés. Chacun de nous est un esprit individuel qui existait avant les corps que nous appelons races, et qui existera après que ces formes auront cessé d'être. Faute de garder cette idée à l'esprit, nous risquons de nous cristalliser et de rester avec la race au lieu de progresser, tels les Juifs. Leur intense patriotisme a été la cause de leur renaissance, en tant qu'esprits, dans des corps de race Juive pendant des milliers d'années.

Les guides de l'humanité ont cherché différents moyens qui inciteraient les Juifs à se mélanger aux autres, afin de pouvoir progresser, mais toujours en vain, et le Christ leur a été envoyé pour la même raison que Booker T. Washington l'a été pour aider les Noirs. Quoique plus avancé que ses frères de race, il s'est incarné dans un corps de Noir afin de pouvoir aider ses frères Noirs d'une manière plus efficace. S'il s'était né dans un corps Blanc, sa mission aurait eu un caractère paternaliste. C'est pour la même raison que le Christ a choisi un corps Juif. On pouvait espérer que la nation juive recevrait Ses enseignements, puisque ceux-ci venaient d'un homme de leur race. Mais, loin d'honorer leurs traditions et de considérer Abraham avec une attitude d'esprit révérencieuse, Il a rabaissé leurs idéaux, Il parla de nouveaux Cieux et d'une nouvelle Terre, Il affirma la supériorité de l'individu sur la race, et c'est pourquoi ils n'en ont pas voulu et ont " choisi Barabbas".

QUESTION 97 - Jésus fut baptisé à trente ans, recevant l'Esprit du Christ. Voulez-vous bien nous expliquer ce baptême?

RÉPONSE - La Terre n'a pas toujours été ce qu'elle est de nos jours. La science nous apprend qu'il fut un temps où elle était un brouillard de feu. La Bible remonte même plus loin et parle d'un temps antérieur à ce brouillard, lorsque la Terre devint embrasée et lumineuse comme un feu; et d'un autre temps plus reculé encore, où régnaient les ténèbres.

Il y a eu en tout quatre époques ou phases dans ce développement de la Terre. Premièrement, il y eut la phase des ténèbres qui est appelée, dans la terminologie Rosicrucienne, l'Epoque Polaire. La substance qui forme maintenant la Terre était alors une masse sombre, brûlante et gazeuse. A la deuxième phase, appelée Epoque Hyperboréenne, cette masse sombre s'embrasa. "Dieu dit, Que la lumière soit! Et la lumière fut." Vint ensuite la troisième phase où le brouillard de feu, mis en contact avec l'espace froid, produisit de l'humidité qui, plus dense près du noyau igné, se condensa en vapeur qui s'échappait du centre vers l'extérieur. "Dieu divisa les eaux d'avec les eaux", c'est-à-dire l'eau dense, plus près du noyau, de la vapeur légère de l'extérieur. Finalement, à la quatrième phase, il se produisit une cristallisation telle que celle qui se dépose lorsque l'eau est bouillie maintes et maintes fois dans un récipient, et c'est ainsi que s'est formée la croûte terrestre, le terrain sec.

Lorsque fut terminée la formation de cette croûte, il n'y avait pas d'eau sur la surface de la terre; mais, comme le dit la Bible, "un brouillard s'élevait de sa surface", et aucune herbe n'avait encore poussé. A ce moment, cependant, la végétation commença d'apparaître, et l'humanité naissante vivait là. Mais cette humanité n'était pas constituée comme elle l'est de nos jours.La forme de leur corps était très différente et eux-mêmes étaient loin d'être aussi évolués que nous le sommes maintenant. En fait, le corps et l'esprit n'étaient pas encore parfaitement réunis; l'esprit planait en partie en dehors du corps et c'est pourquoi "les yeux de l'homme n'étaient pas encore ouverts".

Les vieilles légendes Germaniques donnent aux humains de ce temps-là le nom de Niebelungen. "Niebel" signifie brouillard, et "ungen" enfants. Ils étaient les "enfants du brouillard", car l'atmosphère claire d'aujourd'hui n'existait pas; à cause de la densité du brouillard qui s'élevait de la terre, le Soleil ressemblait à la lumière d'un réverbère dans une nuit très brumeuse.

L'humanité de ce temps-là n'était pas aussi avancée mentalement qu'elle l'est de nos jours. Les hommes ne pouvaient voir les choses en dehors d'eux-mêmes, mais ils avaient une perception intérieure. Ils voyaient les qualités de l'âme de ceux qui vivaient autour d'eux et se percevaient eux-mêmes comme étant spirituel plutôt que matériel. Il n'y avait pas alors de nations, l'humanité était une grande fraternité. L'esprit étant partiellement en dehors du corps, les humains étaient, par conséquent, en contact avec l'Esprit Universel qui, à notre époque, a été obscurci par la séparativité de l'égotisme, lequel fait que chacun se sent distinct et à part de tout le reste de l'humanité; là où la fraternité est oubliée l'égoïsme gouverne en maître.

Lorsqu'un homme a suffisamment progressé pour apprécier les bénédictions de la fraternité, quand il s'efforce d'abolir l'égotisme et de cultiver l'altruisme, il peut passer par le rite du baptême. Il entre dans l'eau pour symboliser son retour aux conditions idéales de la fraternité qui existaient lorsque l'humanité vivait, pour ainsi dire, dans cet élément. C'est pourquoi nous voyons Jésus, héraut de la Fraternité Universelle, entrer, au début de son ministère, dans les eaux du Jourdain et y recevoir le baptême. Lorsqu'il sortit de l'eau, l'Esprit Universel se posa sur Lui sous forme d'une colombe et, à partir de ce moment, il ne fut plus simplement Jésus, mais Jésus-Christ, devenu Sauveur, en puissance, du monde, pénétré de l'Esprit Universel qui enlèvera finalement tous les maux dus à l'égoïsme et redonnera au genre humain les bénédictions de la fraternité, ce qui se réalisera lorsque l'Esprit Universel sera devenu immanent dans toute l'humanité.

QUESTION 98 - Dans votre enseignement vous déclarez que nous restons durant un certain temps, environ un tiers de l'existence terrestre, au Purgatoire, avant d'entrer dans le Premier Ciel, afin d'y expier nos péchés. Comment conciliez- vous cela avec les paroles du Christ au larron mourant, "Aujourd'hui, tu seras avec moi au Paradis"?

RÉPONSE - Le Nouveau Testament a été écrit en Grec, langue dans laquelle il n'était fait usage d'aucun signe de ponctuation. Ces signes ont été ajoutés dans la Bible par les traducteurs. Or, il arrive souvent que la ponctuation change radicalement le sens d'une phrase. Dans le cas qui nous occupe, si les mots du Christ étaient ainsi ponctués, "En vérité, je te le dis aujourd'hui, tu seras avec moi au Paradis", ils signifieraient que le voleur serait avec Lui au Paradis dans un avenir indéterminé. Mais la virgule ayant été placée devant le mot aujourd'hui, ces mots donnent le sens généralement adopté.

Que ce sens soit absolument erroné est prouvé par la remarque que le Christ a faite à la femme, après Sa résurrection, "Ne me touche pas, car je ne suis pas encore retourné vers mon Père." S'Il avait promis au larron qu'il serait avec Lui au Paradis le jour même de la crucifixion et que, trois jours plus tard, Il ait déclaré ne pas y être encore allé, Il se serait contredit, ce qui, bien entendu, est impossible. La virgule, placée à l'endroit proposé, concilie les deux passages de la Bible, d'autant plus que Pierre nous dit que, dans l'intervalle, Il est allé au Purgatoire pour y assister des esprits (I Pierre 3:19).

QUESTION 99 - Quelle est la signification ésotérique des deux larrons et de la croix?

RÉPONSE - Contrairement à l'opinion généralement admise, les quatre Evangiles ne sont pas simplement la biographie de Jésus-Christ; ce sont des formulaires d'initiation de quatre différentes Ecoles des Mystères, et c'est afin d'en voiler le sens ésotérique que la vie et le ministère du Christ y sont mêlés. Cela était facile, car tous les initiés, étant des personnages cosmiques, ont des expériences semblables. S'adressant à la foule, le Christ parle en paraboles, mais Il en révèle le côté caché à Ses disciples. Paul donnait, lui aussi, le "lait" au faibles, et la "nourriture solide" aux forts (I Corinthiens 3:1-2; Hébreux 5:12-14). Il n'a jamais été question de révéler les symboles cachés à la multitude, ni de faire de la Bible "un livre ouvert de Dieu", comme on le croit à notre époque.

En lisant dans la Mémoire de la Nature, nous trouvons qu'au moment de la crucifixion, il n'y avait pas seulement deux autres hommes crucifiés. En ce temps-là, la peine de mort était infligée pour la moindre offense, et il y avait toujours un grand nombre d'hommes condamnés à cette mort barbare. Ainsi, ceux qui désiraient voiler la signification cachée des Evangiles n'étaient pas embarrassés pour trouver quelques détails propres à compléter l'histoire de la crucifixion et à en obscurcir les points vraiment vitaux. Cette partie du récit concernant les larrons est un pur incident et n'a aucune signification ésotérique.

QUESTION 100 - Quelle est la signification de la croix? Est-elle simplement un instrument de torture, ainsi que l'enseigne la religion traditionnelle?

RÉPONSE - Comme tous les autres symboles, la croix a de nombreuses significations. Platon nous en donne une lorsqu'il dit que "l'âme du Monde est crucifiée" - entendant par là les quatre règnes de la nature: minéral, végétal, animal et humain.

Le règne minéral contient toutes les substances chimiques, de quelque nature qu'elles soient. Ainsi, la croix, de quelque matière qu'elle soit, est tout d'abord un symbole de ce règne.

La partie inférieure du montant vertical de la croix symbolise le règne végétal, parce que les courants des esprits-groupes qui donnent la vie aux plantes proviennent du centre de la Terre où ces mêmes esprits-groupes sont situés et, de là, rayonnent vers la périphérie de notre planète, puis dans l'espace.

La partie supérieure de la croix est le symbole de l'homme, parce que les courants de vie du règne humain descendent du Soleil, à travers la colonne vertébrale. Ainsi, l'homme est la plante invertie, car la plante prend sa nourriture par la racine et la fait monter; l'homme la prend par la tête et la fait descendre. La plante est chaste, pure et sans passion, et déploie son organe créateur, la fleur, image de beauté et d'enchantement, chastement et sans honte, en direction du Soleil. L'homme tourne son organe générateur rempli de passion en direction de la terre; l'homme aspire l'oxygène donneur de vie et expire l'acide carbonique qui est un poison. La plante absorbe le poison exhalé par l'homme, en bâtit son corps, et nous rend l'élixir de vie, l'oxygène purifié.

Entre la plante et l'homme se tient l'animal, à la colonne vertébrale horizontale par où passent les courants de vie de l'esprit-groupe qui font le tour de notre globe, aussi le bras horizontal de la croix est-il le symbole du règne animal.

En ésotérisme, la croix n'est jamais considérée comme un instrument de torture, et ce n'est qu'à partir du sixième siècle que l'on a représenté le Christ crucifié. Jusque-là, le symbole du Christ était une croix avec un agneau couché à ses pieds, ce qui exprimait l'idée qu'à la naissance du Christ, le Soleil, à l'équinoxe de printemps, croisait l'équateur dans la constellation du Bélier. Les symboles de toutes les religions ont toujours été établis de cette manière. Au temps où le Soleil, par précession, passait l'équinoxe de printemps dans la constellation du Taureau, une religion fut instituée en Egypte, dans laquelle un culte était rendu au boeuf Apis, à la manière dont nous rendons un culte à l'Agneau de Dieu. A une époque beaucoup plus reculée, le Dieu Nordique Thor conduisait ses chèvres jumelles à travers les cieux. C'était l'époque où l'équinoxe du printemps était dans la constellation des Gémeaux. Au moment de la naissance de Jésus, l'équinoxe du printemps occupait le septième degré environ du Bélier; c'est pourquoi notre Sauveur a été appelé l'Agneau de Dieu. Dans les premiers siècles de notre ère,il y eut une dispute concernant la justesse d'avoir un un agneau comme symbole de notre Sauveur. Quelques-uns alléguaient que l'équinoxe de printemps, à Sa naissance, était en réalité dans le signe des Poissons, et que le symbole de notre Sauveur aurait dû être un poisson. C'est en mémoire de cette discussion que la mitre des évêques a la forme d'une tête de poisson.

QUESTION 101 - La mission du Christ n'aurait-elle pas pu être accomplie sans le mode violent de la crucifixion?

RÉPONSE - Elle aurait évidemment pu s'accomplir sans le mode spécifique de la crucifixion, mais il était d'une absolue nécessité que le sang coule. Il y a des Instructeurs de différents degrés, et ils requièrent chacun des conditions différentes pour l'accomplissement de leur tâche. Certains, comme Moïse et Bouddha, sont venus aider une nation jusqu'à un certain point en travaillant ainsi eux-mêmes à leur avancement; ces deux Instructeurs sont parvenus à un degré de leur développement où leur corps est devenu lumineux. Nous savons que le visage de Moïse brillait de telle manière qu'il lui fallait le couvrir d'un voile. Le Bouddha est devenu lumineux au moment de sa mort. Le Christ a atteint le degré de luminosité au moment de Sa transfiguration, et il est très significatif que la partie la plus importante de Son oeuvre, Sa passion et Sa mort, ont eu lieu après cet événement de la transfiguration. Et tandis que Moïse, Elie, Bouddha et autres Instructeurs antérieurs au Christ ont dû renaître à différentes reprises pour pouvoir porter sur eux les péchés de leurs peuples, le Christ n'est apparu qu'une seule fois dans un corps physique, et Il n'aura jamais plus besoin de s'entourer d'un tel véhicule. Car lorsque l'esprit quitte le corps de la manière naturelle, il emporte avec lui certaines impuretés lorsqu'il se retire lentement du sang coagulé. Même dans un corps aussi pur que ce lui de Jésus, il y avait des impuretés, et la mort violente qui fit couler le sang de ce corps libéra l'Ego du Christ par un prompt arrachement, laissant derrière Lui ce qu'il pouvait y avoir d'impureté, si bien que le Christ sortit du corps de Jésus, sans tache et sans l'entrave d'une destinée inhérente au corps physique.

C'est ainsi que les guerres d'à présent, bien que regrettables humainement parlant, purifient considérablement le sang de la race, ainsi que l'ont constaté les occultistes, en sorte que les humains deviennent de moins en moins passionnés et de plus en plus spirituels. On peut dire que ce même phénomène de purification fait apparaître une contrepartie au massacre des animaux. Lorsque l'humanité passait par la phase animale, elle n'avait pas de sang rouge rempli de passion comme l'ont les animaux de notre temps; nous n'étions pas aussi évolués qu'ils le sont. Bien qu'ils soient placés actuellement plus bas que nous sur l'échelle de l'évolution, les animaux d'à présent sont sur une plus haute spirale que nous ne l'étions, et tandis que nous souffrons en vertu de la loi de cause à effet afin de triompher de nos passions par nos propres moyens, les animaux sont aidés et surveillés par leurs esprits-groupes. Lorsqu'ils auront atteint la phase humaine dans la Période de Jupiter, ils formeront une humanité supérieure à la nôtre, exempte des passions qui ont fait de ce monde un lieu de douleurs. Ainsi, la nature transmue toujours le mal que nous faisons en un plus grand bien.

En réponse à la question qui nous occupe, nous pouvons dire que, dans le cas du Christ, une mort violente était nécessaire parce qu'elle a mis le Christ à même de se retirer du corps de Jésus sans retenir aucune des impuretés attachées à un véhicule qui n'était qu'humain.

QUESTION 102 - Quand le Christ doit-Il revenir sur la terre, selon l'enseignement Rosicrucien?

RÉPONSE - La Bible dit avec raison que "nul ne connaît le jour ni l'heure", et ceux qui ont essayé de fixer une date ou une certaine année au Second Avènement se sont complètement mépris sur l'objet de la mission du Christ. Son enseignement a été donné à l'humanité afin d'abolir la loi du talion "oeil pour oeil, dent pour dent", et de remplacer la loi de la crainte (de Dieu) par la loi d'amour. "La loi et les prophètes ont prévalu jusqu'à la venue du Christ" est-il dit, mais nous savons que même aujourd'hui la loi demeure, et qu'elle est nécessaire. Il est donc évident qu'elle n'a pas été abolie à la venue du Christ sur terre. C'est la venue du Christ "intérieur", dans la nature intérieure de l'homme, qui doit abolir la loi. Paul parle de cet événement comme du "Christ formé en vous (II Corinthiens 13:5; Galates 4:19) et jusqu'à ce que le Christ ait été formé en nous, nous ne sommes pas prêts pour le Second Avènement. Comme nous le dit si bien Angelus Silesius:

"Le Christ serait-Il né mille fois à Bethléem, S'Il ne naît en toi ton âme est solitaire. La croix du Golgotha tu contemples en vain, Si toi-même en ton coeur tu ne l'élèves point."

Le Second Avènement du Christ dépend du temps où un nombre suffisant de personnes seront devenues semblables au Christ, en harmonie avec le principe Christique, de sorte que, comme deux diapasons de même hauteur de ton résonnent à l'unisson lorsque l'un d'eux est mis en vibration, elles soient capables de répondre aux vibrations Christiques mises en jeu par le retour du Sauveur. C'est pourquoi la venue de cet événement ne peut être calculée, mais chaque fois que nous nous efforçons d'imiter le Christ et de mettre en pratique Ses enseignements, nous hâtons Sa venue.

QUESTION 103 - Qu'entend-on par, "Le Christ fut fait à jamais grand-prêtre de l'ordre de Melchisedech"?

RÉPONSE - On nous dit que Melchisedech était roi de Salem et aussi son grand- prêtre; que son sacerdoce était bien au-dessus de celui d'Aaron, car il était inamovible, tandis que celui d'Aaron et des Lévites était sujet à de fréquents changements. Pendant les siècles dont l'histoire nous fournit les annales, il y a toujours eu une division entre le pouvoir temporel et le pouvoir ecclésiastique. Moïse était le chef temporel du peuple Juif, tandis qu'Aaron en était le prêtre et veillait à son bien-être spirituel. Et cette division de l'Eglise et de l'Etat est restée manifeste, causant de temps à autre des luttes et des effusions de sang, car leurs intérêts ont toujours paru diamétralement opposés. Mais au temps de Melchisedech (Genèse 14:18; Psaume 110:4; Hébreux, chapitres 5 à 7), roi de Salem , mot qui signifie paix, cette division n'existait pas, le même homme remplissant les deux offices. L'histoire de Melchisedech, un Etre sans généalogie terrestre, se rapporte, naturellement, aux premiers temps de l'Atlantide, alors que l'humanité n'avait pas encore été divisée en nations guerrières, mais formait une grande fraternité pacifique dont les chefs étaient des Etres Divins, à la fois rois et prêtres. La séparation subséquente de l'Eglise et de l'Etat a été l'une des plus abondantes sources de haines et de guerres qui aient ensanglanté l'humanité, chacune de ces deux puissances luttant pour la suprématie, ce qui ne devrait pourtant pas être le cas, car quiconque n'est pas aussi spirituel qu'un prêtre se doit de l'être, n'est pas qualifié pour remplir l'office de roi, et celui qui n'est pas aussi sage et aussi juste qu'un roi se doit de l'être, n'est pas qualifié pour guider spirituellement l'humanité comme le font les prêtres. Lorsque ces qualités se rencontreront à nouveau chez un seul chef, le règne de la paix et de la fraternité universelles deviendra une réalité. Le Christ a été annoncé comme un tel chef, capable d'unir l'Eglise et l'Etat en qualité de roi et de prêtre selon l'Ordre de Melchisedech. Son Second Avènement inaugurera le Millenium, âge de paix et de joie où la symbolique Nouvelle Jérusalem, cité de paix (car Jer-u-Salem veut dire "Ici sera la paix") régnera sur les nations de la terre, unies dans une fraternité universelle. Il y aura alors "paix sur la terre et bonne volonté parmi les hommes."

QUESTION 104 - Que veut dire le Christ par ces paroles, "Tous ceux qui sont venus avant Moi étaient des voleurs et des brigands"?

RÉPONSE - L'Apocalypse nous parle de deux grandes cités étrangement semblables, et cependant diamétralement opposées. L'une est Babylone, lieu de confusion où les hommes cessent d'être frères et où ils sont séparés les uns des autres. Elle est située sur sept collines, et est gouvernée par un roi, Lucifer, "étoile du jour", le donneur de lumière. On pleure sa chute au quatorzième chapitre d'Esaïe, et plus loin, on parle encore de la chute de cette grande cité, devenue une abomination, elle est appelée une prostituée, ayant semé la guerre, le malheur et la désolation parmi les peuples de la terre. Puis, comme suprême antithèse, on nous parle d'une autre cité, la Nouvelle Jérusalem, honorée comme une fiancée. Dans cette cité, il n'y a point de rivière courante, mais une mer de verre. Elle aussi est bâtie sur sept collines, est gouvernée par un autre donneur de lumière, appelé "la lumière du monde", et c'est une cité de paix dont les portes ne sont jamais fermées, bien qu'elle renferme le précieux Arbre de Vie. Cette cité n'est pas de ce monde, mais c'est une cité descendue du ciel. Pour comprendre ce symbole, il est nécessaire de remonter à l'époque lointaine où l'homme en devenir n'avait pas encore atteint le développement d'aujourd'hui. Lors de la première apparition de l'homme sur cette Terre, son corps dense fut construit à l'Epoque Polaire, et fut vitalisé par l'interpénétration du corps vital durant l'Epoque Hyperboréenne. A ce moment, l'homme était comme les Anges, mâle et femelle, une unité créatrice complète, capable de créer de lui-même en projetant toute sa force créatrice - qui est Amour.

Plus tard, il devint nécessaire que l'homme forme un cerveau; afin d'atteindre ce but, la moitié de sa force créatrice a été tournée vers l'intérieur pour construire les organes nécessaires. Depuis ce temps, l'homme doit chercher la coopération d'un être ayant l'autre moitié de la force sexuelle disponible pour la procréation. Maintenant, il aime d'une façon égoïste dans le seul but d'obtenir cette coopération; l'autre moitié de sa force créatrice, avec laquelle il s'est construit un cerveau et un larynx, est utilisée tout aussi égoïstement pour penser, car il désire acquérir des connaissances. Antérieurement, l'homme avait projeté toute sa force créatrice sans réserve et en tout désintéressement. Depuis la division de la force sexuelle, l'homme est finalement devenu égoïste, et c'est pourquoi la loi d'attraction en a fait la proie d'êtres de même nature. Les Anges étaient l'humanité de la Période de la Lune et ils ont depuis lors atteint leur présent degré de développement supérieur; mais, dans la masse, il y a toujours des retardataires. Tel a été le cas chez les Anges, parmi lesquels une certaine classe, en-dessous d'eux mais au-dessus de notre humanité, est restée en arrière. Ces êtres se trouvaient dans une triste situation, car ils étaient incapables de suivre le développement actuel des Anges, et ils ne pouvaient pas non plus descendre aussi bas dans la matière que les hommes. Il leur était impossible de se dispenser d'un cerveau, comme les Anges, mais ils étaient incapables d'en construire un; aussi, lorsque l'humanité développa un cerveau et une moelle épinière, ils virent en la femme une occasion d'évolution, car elle exprime le pôle négatif de la force créatrice, l'imagination, faculté qui la rend capable de construire un corps physique dans son sein. Afin de gagner l'accès de sa conscience, ces Intelligences tirèrent parti de la perplexité de la femme au sujet de l'exercice de sa faculté d'imagination. A cette époque, les yeux des hommes n'étaient pas encore ouverts; êtres essentiellement spirituels, ils n'étaient pas encore pleinement conscients de la possession d'un corps physique. La femme fut la première à observer confusément qu'elle- même, et les autres, possédait un tel instrument, qu'à certains moments quelques-uns de ses amis qu'elle avait perçus auparavant avec ce véhicule l'avaient perdu, et elle en était troublée. Elle ne pouvait obtenir aucune information de la part des Anges, mais l'intelligence qui lui apparut en elle- même dans la moelle épinière serpentine, l'éclaira sur ce sujet, "et le serpent dit à la femme: Dieu vous a-t-il dit, "Vous ne mangerez d'aucun Arbre du Jardin?", à quoi elle répondit, "On nous a défendu de manger de l'Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal sous peine de mort." Mais le serpent répartit, "Vous ne mourrez certainement point, car Dieu sait que le jour où vous en mangerez, vos yeux seront ouverts, et vous serez comme les dieux, connaissant le bien et le mal." La femme s'assura la coopération de l'homme, suivant les instructions de Lucifer, donneur de lumière, et dès lors leurs yeux furent ouverts, et ils connurent le bien et le mal. Jusque-là, l'homme n'avait pas eu conscience de son corps; celui-ci l'avait quitté de temps à autre, comme la feuille tombe de l'arbre, sans l'incommoder ou le troubler, car sa conscience était alors centrée sur le Monde Spirituel. Mais les esprits Lucifer désiraient exercer leur pouvoir sur lui et avoir prise sur son cerveau et sa moelle épinière. Ils l'incitèrent donc à rompre le joug des Anges et à prendre en mains la fonction créatrice. Par l'abus répété et ignorant de cette faculté, sa conscience se retira des Mondes Spirituels et se concentra dans le Monde Physique. Alors vint la mort sous ses terribles aspects actuels, car l'homme considère maintenant la vie terrestre comme la seule vie réelle. Lorsqu'elle se termine, il entre dans une existence dont il ne sait rien, et qu'en conséquence il redoute. Ainsi, pour avoir écouté Lucifer, le donneur de fausse lumière, l'homme est devenu sujet à l'affliction, à la douleur et à la mort. On lui a volé son innocence et sa paix. Le Christ est venu dans le monde pour sauver l'humanité du péché, de l'affliction et de la mort. C'est pourquoi Il s'est appelé la vraie lumière, et Il a déclaré que ceux qui étaient venus avant Lui étaient des voleurs et des brigands, car ils avaient dérobé à l'homme sa vue spirituelle, tout en l'éclairant au point de vue physique.

QUESTION 105 - Que voulait dire le Christ par ces paroles, "Quiconque ne recevra pas le Royaume de Dieu comme un petit enfant n'y entrera point." (Marc 10:15)?

RÉPONSE - Dans le monde qui nous entoure, nous voyons le royaume des hommes, où chacun s'efforce de maintenir sa propre situation, ne comptant que sur ses idées et ses paroles pour la conserver à l'encontre des nouveaux venus. Lorsqu'on lui présente une idée nouvelle, son attitude mentale est généralement teintée de scepticisme. Il craint d'être abusé. L'attitude du petit enfant, concernant ce qu'il voit ou ce qu'il entend, est exactement le contraire de celle de ses aînés. Il n'a pas d'opinion exagérée sur ses hautes connaissances, mais il est franchement ignorant et, par conséquent, éminemment réceptif. C'est à cela que se référait le Sauveur dans le passage cité. Quand nous entrons dans la vie supérieure, nous devons d'abord oublier tout ce que nous savons du monde, commencer à regarder les choses d'une manière tout à fait différente, et lorsqu'un nouvel enseignement nous est offert, nous devons nous efforcer de le recevoir sans tenir compte d'autres faits observés antérieurement. Ceci, afin de rester parfaitement impartiaux. Bien sûr, on ne nous demande pas de croire d'emblée que "le noir est blanc", mais si quelqu'un affirme qu'un objet que nous avions considéré jusqu'à présent comme noir, est vraiment blanc, notre intellect devrait être assez ouvert pour ne pas nous inciter à porter aussitôt le jugement suivant, "je suis sûr que cet objet est noir!". Nous devrions être disposés à examiner la chose, afin de voir s'il n'existe pas un point de vue d'où l'objet que nous pensons être noir, pourrait apparaître blanc. Lorsqu'après un sérieux examen, nous constatons qu'il est véritablement noir, de quelque point de vue qu'on l'examine, il nous est loisible alors de revenir à notre première opinion. Rien n'est plus remarquable chez l'enfant que cette souplesse de l'intellect qui le rend tellement réceptif, et l'étudiant qui s'efforce de vivre la vie supérieure devrait toujours aspirer à garder à son intellect cette souplesse, car dès que nos idées deviennent fixes et incapables d'être changées, nos progrès cessent. C'est là la grande vérité que le Christ S'est efforcé de présenter à Ses auditeurs lorsqu'Il a fait la déclaration ayant fait l'objet de la question posée.

QUESTION 106 - Jésus n'a-t-Il pas mangé du poisson? Pourquoi les Rosicruciens sont-ils donc végétariens?

RÉPONSE - Après la Résurrection, le Christ est apparu un jour à Ses disciples tandis qu'ils étaient dans une chambre fermée à clé. Ils ne Le reconnurent pas tout d'abord, et ne pensaient pas que Son corps fût matériel. Le véhicule dans lequel Il leur apparut était le corps vital de Jésus, et Il lui était possible, comme à toute personne capable de fonctionner dans ce véhicule, d'attirer de la Région Chimique une quantité suffisante de matière pour se construire en un instant un corps dense parfaitement tangible. Afin de les convaincre qu'Il était comme à l'ordinaire, Il leur demanda quelque chose à manger, et ils lui donnèrent un morceau de rayon de miel et du poisson. Il est dit qu'Il mangea (Luc 24:43), mais non qu'Il mangea du poisson, car ayant été élevé parmi les Esséniens qui étaient strictement végétariens, Il n'aurait pas plus mangé de poisson qu'Il n'aurait mangé de viande si on la Lui avait présentée. Il est aussi écrit que le Bouddha mourut après s'être gorgé de viande de sanglier, ce qui est vraiment divertissant pour quiconque sait qu'il enseignait à ses disciples la vie simple et inoffensive qu'il menait lui-même, qu'il leur conseillait de se nourrir des aliments les plus purs et les meilleurs provenant directement du sol, et qu'il était ému de la plus grande pitié à la vue des souffrances des hommes et des animaux. L'étudiant en ésotérisme sait que, dans les temps anciens, le sanglier était le symbole des connaissances ésotériques. Or nous pouvons donner aux autres toutes nos connaissances; plus nous en donnons, plus nous en avons, et la même somme de savoir subsiste. Cette vérité était enseignée dans la mythologie scandinave; dans le Valhalla, les guerriers ayant combattu le bon combat s'asseyaient à un festin autour d'un sanglier fait de telle sorte qu'un morceau de chair coupée repoussait aussitôt, si bien qu'il y avait toujours abondance de viande, quelle que fût la quantité enlevée, et quel que fût le nombre des convives. Or, Bouddha s'était gorgé des connaissances sacrées et, à sa mort, il en était rempli. Néanmoins l'auteur de la question part d'une idée fausse. Les Rosicruciens n'enseignent pas que tout le monde devrait être végétarien sur- le-champ. En fait ils disent qu'une alimentation végétarienne fournit beaucoup plus d'énergie qu'une alimentation carnée. Cette énergie n'est pas seulement physique mais spirituelle, en sorte que si un homme mène une vie sédentaire, qu'il ait des tendances matérialistes et soit uniquement préoccupé de sordides opérations commerciales ou d'autres affaires strictement matérielles, cette énergie spirituelle ne peut trouver aucune issue, et elle est susceptible d'occasionner des troubles dans son organisme. Seuls, ceux qui vivent une vie active, au grand air, où l'abondance d'énergie générée par la nourriture végétarienne peut être dépensée, ou ceux qui transmuent cette énergie en efforts spirituels peuvent se trouver bien de cette alimentation. Nous reconnaissons en outre que les habitudes suivies pendant de nombreuses générations ont fait de l'homme un être en partie carnivore, de sorte que, dans un grand nombre de cas, le changement d'une alimentation carnée à une alimentation végétarienne doit se faire graduellement. D'autre part, il faut se rappeler que l'alimentation qui convient à l'un ne convient pas nécessairement à l'autre, et le vieux proverbe est vrai qui dit que "ce qui est nourriture pour l'un est poison pour un autre". On ne peut donc établir aucune règle rigoureuse qui convienne également à tous. C'est pourquoi il est préférable que ce que nous mangeons, aussi bien que tout ce qui se rapporte à notre personnalité, fasse l'objet d'un choix individuel. La Bible enseigne fort justement que ce n'est pas ce qui entre par la bouche qui nous souille. Si nous mangeons une nourriture répugnante et que nous en soyons avides, c'est l'avidité qui constitue notre péché et non la nourriture elle-même. Si quelqu'un se trouve en un lieu où il ne puisse obtenir la nourriture pure qui lui plaît, il fera bien d'accepter la nourriture qui lui est offerte, même de la viande, et cela sans dégoût, et avec autant de reconnaissance que s'il s'agissait d'aliments purs. Il ne sera nullement corrompu, grâce à cette attitude d'esprit.

QUESTION 107 - Si le Christ a nourri la multitude de poisson, pourquoi est-il faux que nous en fassions usage comme nourriture, ainsi que de la viande?

RÉPONSE - Il est dans la nature des animaux de proie de dévorer tout animal qu'il trouve sur son chemin, et son organisme exige cette sorte de nourriture pour subsister; mais toute chose est dans un état de devenir, et est en train de changer en quelque chose de supérieur. L'homme, aux premiers degrés de son développement, était semblable à certains égards aux animaux de proie; cependant il doit devenir semblable à Dieu, et il lui faudra cesser de détruire, à un moment donné, afin de pouvoir commencer à créer. Les Juifs, au temps du Christ, se trouvaient encore à un degré où leur nature animale était tellement impérieuse qu'ils n'avaient qu'une très petite idée de l'altruisme. Ils adhéraient à la loi "oeil pour oeil, dent pour dent", et n'étaient miséricordieux sous aucuns rapports.Nous sommes allés un peu plus loin sur le chemin de l'évolution, depuis deux mille ans, et l'altruisme passe de plus en plus au premier rang. On nous enseigne qu'il n'y a dans l'univers qu'une vie, celle de Dieu. "Qu'en Lui nous avons la vie, le mouvement et l'être". Que Sa vie anime tout ce qui est, et c'est pourquoi nous comprenons que si nous prenons la vie, nous détruisons la forme construite par Dieu pour Sa manifestation. Les animaux, nos jeunes frères sur l'échelle de l'évolution, sont des esprits qui évoluent, et ils sont doués de sensibilité. Le désir qu'ils ont d'acquérir de l'expérience leur fait construire des formes variées et lorsque nous les privons de ces formes, nous leur ôtons l'occasion d'acquérir de l'expérience. Nous entravons leur évolution au lieu de les aider. Le cannibale est excusable de manger ses semblables, parce qu'il ne sait rien d'autre. Nous considérons maintenant le cannibalisme avec horreur, et le jour viendra aussi où nous ressentirons le même dégoût à l'idée de faire de notre estomac la sépulture des cadavres d'animaux massacrés. Il est naturel pour nous de désirer la meilleure nourriture possible, mais la chair des animaux renferme les poisons de la putréfaction. Le sang veineux, dans son cours vers les reins, vers les pores de la peau, est chargé d'acide carbonique et autres composés nocifs qui doivent être expulsés sous forme d'urine ou de sueur. Ces substances toxiques se trouvent dans toutes les parties de la chair de l'animal; en la mangeant, nous remplissons notre corps de toxines. Un grand nombre de maladies sont dues à la consommation d'aliments carnés. Lorsque nous en appelons à l'autorité de la Bible pour nous excuser de manger de la viande, nous devrions aussi être disposés à suivre ses injonctions et cesser de manger de la viande de porc qui est bien la plus horrible des nourritures. C'est un fait notoire que les Juifs pratiquants qui s'abstiennent des aliments interdits par la Bible échappent à la tuberculose et au cancer.

Dans maints endroits où la Bible parle de "meat", mot anglais à double sens, il est clair qu'il ne s'agit pas de la chair des animaux. Au premier chapitre de la Genèse, où la nourriture de l'homme est décrite pour la première fois, il est dit qu'il devra se nourrir "de tout arbre, de toute herbe portant fruits et semences et que ce sera là sa nourriture (meat)." Les personnes les plus évoluées de tous les temps se sont toujours abstenues de manger la chair des animaux. A titre d'exemple, nous voyons que le saint et sage Daniel avait prié qu'on ne l'oblige pas, lui et ses compagnons, à manger de la viande, mais qu'on leur donne des légumineuses. On dit des enfants d'Israël dans le désert qu'ils "regrettaient les pots de viande" de l'Egypte, ce qui avait suscité le courroux de leur Dieu. Le récit de la multitude nourrie de poissons a une signification ésotérique, mais nous bornant à considérer l'aspect purement matériel des choses, nous résumerons les différents points examinés dans notre réponse en rappelant que le temps viendra où, ayant progressé sur le chemin de l'évolution, nous perdrons l'habitude de consommer de la viande et du poisson, comme nous nous sommes élevés au-dessus du cannibalisme. Tout ce qui peut avoir été licite dans les temps barbares disparaîtra dans un avenir où l'altruisme, fruit d'une sensibilité plus affinée, aura éveillé en nous la pleine signification des horreurs qu'entraîne la satisfaction des goûts carnivores.

QUESTION 108 - Expliquez, je vous prie, pourquoi le veau gras n'a pas été tué pour le fils vertueux plutôt que pour le fils prodigue (Luc 15:11-32). N'était-ce pas récompenser une mauvaise action? RÉPONSE - L'histoire du fils prodigue est une parabole par laquelle le Christ avait l'intention d'enseigner une leçon et pas un fait réel. C'est l'histoire qui raconte le pèlerinage de l'esprit à travers la matière. Or, il y a différentes classes d'esprits. Certains, mais pas tous, sont allés à l'école de l'expérience qu'est le monde. Ils sont descendus depuis leur condition élevée du Monde de Dieu, et ont pénétré de plus en plus profondément dans l'océan de la matière jusqu'à s'y trouver aveuglés. Finalement, ils sont immergés dans la matière dense du Monde Physique. Là est le tournant où ils s'éveillent; là, le sentier inconscient de l'involution est à son terme; là, la soi-conscience est atteinte, en même temps que la conscience du monde extérieur. Mais l'esprit intérieur (au-dedans de nous) n'est pas satisfait de rester dans ce monde. A nouveau éveillé au sens de sa divinité inhérente, il se sent de nouveau attiré vers les sphères supérieures et dit: "Je me lèverai et j'irai vers mon Père."

Vient alors le rude labeur de se dépouiller des divers véhicules dans lesquels il s'est immergé et de s'élever une fois encore à la communion consciente avec Dieu. Alors qu'il est engagé dans cette tâche ardue, "le Père vient à sa rencontre un long bout de chemin"; la petite voix intérieure, toujours présente, commence à se faire entendre au-dedans de lui, à lui parler de la gloire des cieux; enfin, lorsque l'humanité a terminé son évolution, ou que l'esprit individuel a pris le plus court sentier de l'initiation, il y a réunion avec Dieu et les autres esprits qui ne sont pas encore entrés à l'école de l'expérience. Naturellement, il y a plus de réjouissance pour le retour de celui qui a soutenu le bon combat et qui est revenu dans sa céleste demeure, que pour celui qui n'a pas encore cherché à tirer parti de l'occasion qui lui est présentée .

QUESTION 109 - Pourquoi le Seigneur a-t-il loué l'économe infidèle, comme on le raconte au 16e chapitre de Luc?

RÉPONSE - L'auteur de la question devrait relire attentivement le 16e chapitre de Luc. On y parle d'un économe infidèle amené devant son seigneur qui soupçonnait que ses comptes n'étaient pas exacts. L'économe fit un marché avec les débiteurs de son maître afin de s'en faire des amis pour le moment où il aurait perdu son emploi. Il est dit au verset 8 que "le seigneur loua l'économe infidèle". Lorsqu'il rendit ses comptes, il avait dû les arranger si adroitement que son maître y fut trompé, car le "seigneur" dont il est question était le maître de l'économe, comme on peut s'en rendre compte par le fait que le mot "seigneur" est écrit avec une minuscule, tandis qu'une majuscule est toujours employée lorsque le mot se rapporte au Christ.

QUESTION 110 - Voulez-vous bien expliquer ce que veut dire: pécher contre le Saint-Esprit? RÉPONSE - Généralement parlant, le Saint-Esprit est le pouvoir créateur de Dieu. Le passage du credo, "conçu du Saint-Esprit", ce que l'Ange Gabriel avait annoncé à Marie, en est une confirmation. Tout ce qui est, a été amené à l'existence par ce pouvoir créateur, et c'est un rayon de cet attribut de Dieu dont se servent les hommes pour la perpétuation de la race humaine. Lorsque nous en abusons, c'est-à-dire que nous en usons pour la satisfaction des sens, soit solitairement, soit en association, dans le mariage ou en dehors du mariage, nous péchons contre le Saint-Esprit. Ce péché, nous dit-on, n'est pas pardonné, il doit être expié. L'humanité tout entière souffre aujourd'hui de ce péché. Les corps débiles, les maladies que nous voyons autour de nous sont dus à des siècles d'excès et, tant que nous n'aurons pas appris à maîtriser nos passions, il ne pourra pas y avoir de vraie santé dans la race humaine. Nous sommes nés de parents qui pensaient qu'il était juste de satisfaire leurs passions en tout temps et à n'importe quel moment. En conséquence, nous en souffrons maintenant, et par notre attitude à l'égard de la question "sexe", la plupart d'entre nous sommes en train de reporter actuellement les mêmes maladies sur nos enfants. C'est ainsi que les péchés des parents retombent sur les enfants, de génération en génération, et continueront à apporter affliction et souffrances jusqu'à ce que nous ayons compris que chaque enfant a le droit d'être "bien né" et de bénéficier des conditions physiques appropriées pendant sa vie prénatale.

QUESTION 111 - Le credo Chrétien est-il de source divine?

RÉPONSE - Il y a trois formes de credo Chrétien. L'un est connu sous le nom de Credo des Apôtres, non pas qu'il ait été composé par les Apôtres, mais parce qu'il est supposé exprimer leurs croyances. Un autre credo fut formulé et adopté au Concile de Nicée, et est appelé Credo de Nicée. Le credo d'Athanase, est le plus récent. Ils ne sont pas plus de source divine que n'importe quelle autre affirmation des hommes concernant la Bible. La Bible elle-même donne un credo, dans le passage qui affirme qu'il n'y a pas d'autre nom que celui de Jésus-Christ par lequel l'homme doive être sauvé (Actes 4:12), et ceci est en harmonie avec l'enseignement occulte, car Jéhovah fut l'auteur de toutes les Religions de Race où la crainte de Dieu faisait obstacle aux désirs de la chair et où la loi était imposée à l'homme pour réfréner le désir. Les Religions de Race éduquent la nature-désir par les moyens précités, mais elles seront remplacées le moment venu par la Religion du Christ. Cette religion de fraternité et d'amour bannira la crainte engendrée par la loi de Jéhovah. Elle essaiera d'abolir les nations, leurs lois, leurs luttes et rivalités, en travaillant sur le corps vital, en sorte que l'humanité soit animée entièrement par l'amour, au lieu de l'être par la loi. Mais là n'est pas le point final, cependant. Lorsque le royaume aura été complètement établi, le Christ le remettra entre les mains du Père. La Religion du Père sera plus élevée encore que la Religion du Fils.

QUESTION 112 - Comment conciliez-vous la loi de cause à effet avec la doctrine du pardon des péchés?

RÉPONSE - Parce qu'ils ne peuvent croire au pardon des péchés, beaucoup croient exclusivement à la loi de cause à effet, telle qu'elle est enseignée en Orient sous le nom de Karma. De nombreuses personnes pensent aussi que puisque les religions orientales enseignent les lois de renaissance et de cause à effet plus clairement que la religion de l'Occident, le Christianisme, ces religions orientales sont meilleures et plus scientifiques que la religion occidentale qui enseigne, d'après l'interprétation populaire, que le Christ est mort pour nos péchés et qu'en conséquence, le fait de croire en Lui nous apporte le pardon.

En fait, cependant, l'enseignement Chrétien énonce aussi la doctrine qui veut que "ce qu'un homme a semé, il le récoltera", (Galates 6:7), et c'est ainsi qu'il enseigne à la fois la loi de cause à effet et celle du pardon des péchés. Ces deux lois opèrent de façon vitale dans l'épanouissement de l'humanité, et il y a de bonnes raisons au fait que les religions orientales primitives ne contiennent qu'une partie de l'enseignement complet que l'on trouve dans la religion Chrétienne.

Dans les temps reculés où les religions de l'Orient furent données à l'humanité, les hommes étaient de nature plus spirituelle que ne le sont de nos jours les êtres essentiellement matériels du Monde Occidental. Ils savaient que nous vivons ici-bas un grand nombre de vie en des corps différents. De nos jours, les Orientaux, encore complètement imbus de cette idée, sont en conséquence extrêmement indolents. Ils sont plus préoccupés du Nirvana - monde invisible où ils se reposeront dans la paix et la joie - qu'à chercher à tirer parti de leurs ressources matérielles présentes, en vue de leur avancement. C'est la raison pour laquelle leur pays est aride, inculte, leurs récoltes minimes et souvent détruites par un soleil brûlant, ou dévastées par des inondations. Ils souffrent de la famine, ils meurent par milliers; et bien qu'ils enseignent la loi de cause à effet, ils semblent ne pas se rendre compte que leurs misérable conditions sont amenées par leur indolence et leur indifférence vis-à-vis des choses matérielles. Il est naturel que, n'ayant pas travaillé ici-bas, ils n'aient rien à assimiler au cours de la vie céleste entre la mort et une nouvelle naissance; et tel un organe s'atrophie graduellement faute d'être utilisé, ainsi un pays qui n'est pas développé par les esprits qui y sont incarnés, dépérit graduellement et devient impropre à être habité par les humains. Il était nécessaire à l'évolution de l'humanité que celle-ci passe par ce monde matériel pour en développer toutes les ressources. C'est pourquoi les Grands Guides de l'humanité ont employé divers moyens pour nous faire oublier temporairement le côté spirituel de notre nature. En Occident, où se trouvent les pionniers de la race humaine, ils ont ordonné que les mariages se fassent en dehors de la famille. Ils ont donné à l'Occident une religion qui n'enseignait pas d'une manière précise la doctrine de la renaissance et la loi de cause à effet comme moyens de progrès. Ils ont établi l'usage des boissons alcoolisées qui ont pour effet de paralyser la sensibilité spirituelle de l'homme. Par suite, nous avons en Occident temporairement oublié qu'il existe autre chose que cette seule vie sur terre, et, en conséquence, nous nous appliquons avec la plus grande diligence à faire le meilleur usage possible de ce que nous croyons être notre seule occasion ici-bas. Ainsi, nous avons développé l'Occident en de véritables jardins; nous en avons fait, dans l'entre-deux vies, une terre extrêmement fertile et riche, par ailleurs, en minéraux de toutes sortes, qui nous fournissent tout ce dont nous avons besoin pour nos diverses industries; nous faisons ainsi la conquête du monde matériel visible.

Il est évident, cependant, que le côté religieux de la nature humaine ne doit pas être entièrement négligé, et c'est pourquoi le Christ, idéal sublime de la religion Chrétienne, nous a été donné comme exemple à imiter. Et du moment que nous ne pouvons pas espérer devenir semblables au Christ au cours d'une seule vie, qui est tout ce que nous connaissons pour le présent, il doit nous être donné une doctrine compensatrice; autrement, en désespoir de cause, nous cesserions tous nos efforts, connaissant leur futilité. C'est la raison pour laquelle on a enseigné au Monde Occidental la doctrine du pardon des péchés par la vertu de Jésus-Christ. Il est également certain, toutefois, qu'une doctrine qui n'est pas une vérité de la nature ne peut exercer une puissance élévatrice, et c'est pourquoi il doit aussi y avoir une base solide derrière la doctrine du pardon des péchés qui semble invalider la loi de cause à effet; la voici: Lorsque nous regardons autour de nous dans le monde matériel, nous observons les différents phénomènes de la nature, nous rencontrons d'autres personnes avec lesquelles nous engageons diverses transactions, et c'est au moyen de nos organes des sens que nous observons l'ensemble de ces spectacles, de ces sons et de ces scènes. Pas tous, cependant, car nous sommes très peu observateurs en ce qui concerne les détails. Et il est vrai de dire, même si c'est exaspérant, que "nous avons des yeux qui ne voient pas et des oreilles qui n'entendent pas". De ce fait, nous perdons une grande partie de l'expérience qui pourrait être acquise. De plus, la mémoire nous fait déplorablement défaut; puisque nous ne sommes capables de nous souvenir que d'une petite partie de nos expériences et la plupart d'entre elles sont perdues parce que nous les oublions. S'il est vrai que notre mémoire consciente est faible, nous en possédons une autre, plus fidèle: la mémoire subconsciente. De même que l'éther et l'air transmettent sur le film photographique l'impression du paysage compris dans le champ de l'appareil, sans que le moindre détail soit omis, ainsi l'air et l'éther qui transmettent les impressions du dehors à nos organes des sens portent aux poumons, et de là, au sang, l'image et l'enregistrement de tout ce avec quoi nous entrons en contact. Ces images sont emmagasinées dans le petit atome-germe placé dans le ventricule gauche du coeur, et ce petit atome peut être considéré comme le Livre des Anges de Justice où sont inscrites toutes nos actions. De là, elles sont imprimées dans l'éther réflecteur de notre corps vital. Dans le cours ordinaire de la vie, l'homme entre au Purgatoire à la mort pour y expier les péchés gravés sur cet atome. Plus tard, il assimile au Premier Ciel le bien également enregistré sur ce même atome. Au Deuxième Ciel, l'homme travaille à son milieu futur. Mais une personne pieuse se rend compte chaque jour de ses fautes et de ses faiblesses. Elle examine scrupuleusement les évènements de sa vie journalière et prie avec ferveur pour le pardon des péchés qu'elle a commis. Alors les images enregistrées des péchés d'omission et de commission s'effacent et sont enlevés jour après jour des annales de sa vie. En effet, le but de Dieu et de la nature n'est pas de nous "rendre la pareille", comme cela semble être le cas sous la loi de cause à effet qui exige l'exacte rétribution pour chaque transgression, aussi bien que la juste récompense ou compensation pour chaque bonne action. Le dessein de Dieu est de nous faire apprendre par l'expérience ce qui est juste et bon. Lorsque, nous nous sommes rendu compte que nous avions mal agi et que nous avons pris la résolution de faire mieux, notre leçon est apprise, et il n'est pas nécessaire que nous soyons punis. Ainsi, la doctrine du pardon des péchés est un fait réel dans la Nature. Si nous nous repentons, si nous prions et nous corrigeons, les péchés dont nous nous sommes repentis, pour lesquels nous avons prié et fait les réformes nécessaires, nous sont pardonnés et sont effacés des annales de notre vie. Si ce n'est pas le cas, ils sont extirpés après la mort, par les souffrances appropriées au Purgatoire. Ainsi, la doctrine du Karma ou loi de cause à effet, telle qu'elle est enseignée en Orient, ne satisfait pas entièrement les besoins humains, tandis que l'enseignement Chrétien, qui comprend à la fois la loi de cause à effet et la doctrine du pardon des péchés, donne un enseignement plus complet de la méthode employée par les Grands Chefs de l'humanité pour nous instruire.